mercredi 17 janvier 2018

Solitude

Encore une nuit où le sommeil serait bienvenu mais ne vient pas. Encore une nuit où je me trouve rongé par l'inquiétude et un vide intérieur que rien ne semble pouvoir combler. Je tente de me distraire, toutes lumières allumées. Ranger la maison, faire la vaisselle, autant de diversions ineffectives face à mes pensées qui ne sauraient se détourner de la vérité: je suis seul, effroyablement seul. Comme tant d'autres, qui comme moi peut-être ne trouvent pas le sommeil ce soir. Je ne peux m'empêcher de penser, en remerciant mon esprit qui ne perd décidément pas le nord, que c'est notre époque qui veut tout ça. Je ne peux m'empêcher de penser à ces gens que l'on croise, que notre cœur brûlerait de rencontrer, et à cette retenue qui nous sépare.

J'aimerais pouvoir vagabonder dans les rues en voyant les passants cesser de se méfier les uns des autres. Ne plus croiser ces regards emplis d'inquiétude et de peur. Pouvoir adresser un bonjour sans que la personne presse le pas. Généralement quand mon regard croise par hasard celui d'une autre personne, je souris. Autant vous dire qu'on me rend rarement ce sourire. D'ailleurs, les images défilent dans ma tête, pleines de souvenirs, et aucune ne vient avec un visage souriant en retour. Au final, pourquoi ? Ne vivons-nous pas tous ensemble ? N'allons pas travailler dans les mêmes transports désuètes tous les jours ? N'allons-nous pas acheter le même pain ? Que risquons-nous ?

Généralement, j'aurais tendance à dire que les personnes que l'on craint de voir nous aborder nous aborderont de toute manière, sans se soucier de la tête que l'on tire ou de notre envie de leur parler. Pourtant, ce sont d'elles que nous cherchons à nous protéger en enfilant cette carapace, ces yeux hagards, ces visages tristes dénués de toute chaleur. Et ce sont des personnes exactement dans la même situation que nous que ces visages rejettent.

Nombreux sont ceux qui souffrent de cette solitude, de nombreuses manières différentes. L'individualisme atteint ses limites lorsqu'il se trouve confronté à la nature profonde de l'humain, dont les instincts les plus primaires le poussent vers autrui. Notre être tout entier aspire à s'ouvrir au monde, tandis que la société nous divise en insufflant la peur de l'autre dans nos cœurs. C'est ce qu'elle fait en nous assommant de faits divers, en mystifiant une insécurité qui nous hante sans nous toucher. Combien de fois le mot "sécurité" sort-il de la bouche des responsables politiques ?

Pour beaucoup de gens, les rues ne sont plus sûres, la sécurité apparaît d'ailleurs comme une préoccupation première dans certains sondages. Et pourtant, au quotidien, que nous arrive-t-il de si terrible ? Et même si parfois des choses graves peuvent nous arriver, est-ce que nous fermer aux autres le reste du temps s'avère une protection efficace ? Nous devons tuer ce réflexe, nous devons cesser d'avoir peur. Car c'est là que l'humain se sent réellement exister selon moi, quand il dépasse ses peurs et ses blocages pour s'ouvrir, expérimenter, et s'enrichir au contact de chacun. Ne nous laissons pas dépérir seuls, isolés de tous ceux qui auraient pu rendre nos vies exaltantes.

S'il est une piste vers le bonheur, elle ne saurait être découverte qu'ainsi: ensemble.

dimanche 28 mai 2017

Comment l'instantanéité nuit à la raison

Ces derniers temps, je ne cesse d'être spectateur, en particulier sur les réseaux sociaux, d'intenses pugilats de masse concernant les événements marquants que connaît notre société. Simple observateur, j'ai pu assister à des échanges à la fois profondément engagés et violents entre des gens qui ne se connaissent pas et défendent chacun corps et âme leur point de vue, quitte à agresser verbalement quiconque se dresserait contre. J'ai voulu comprendre ce comportement qui semble se généraliser, car pour moi il est un symbole tangible de la fracture au sein de la société qui se dessine aujourd'hui.

L'hypothèse que je dresse est la suivante : pour moi, la charge émotionnelle liée à l'absence de recul sur les sujets débattus est la principale raison de la virulence dont font preuve les protagonistes. Et la principale source de cette charge émotionnelle est l'instantanéité omniprésente dans la société actuelle.

Afin de ne pas raconter un vulgaire tissu d'affabulations, j'ai tout d'abord commencé par me renseigner un peu sur cette fameuse instantanéité. Aussi appelée hyper-modernité par certains (comme dans cet article expliquant la mutation du rapport au temps), elle trouve son origine dans plusieurs phénomènes de notre ère, comme les nouvelles technologies, ce qu'avance Nicole Aubert, sociologue et professeur ESCPE de Paris.

Pour expliquer rapidement la notion d'instantanéité, il s'agit du besoin d'immédiat, qui introduit l'urgence dans chaque aspect de notre vie. La latence ou le délai devient une frustration majeure dans un monde où tout se doit d'être instantané. Dans la vie courante, en particulier dans les villes, nous vivons dans la hâte, la peur du retard, la pression du temps qui s'écoule. Tout cela est superflu, et beaucoup de choses que nous considérons parfois inconsciemment comme urgentes, ne le sont en fait absolument pas. Mais il s'agit ici d'une légère digression, matière dans laquelle je suis un maître incontesté, et nous allons donc revenir à notre sujet, centré sur les interactions entre citoyens.

Aujourd'hui, nous sommes tous familiers avec la notion de buzz. C'est une nouvelle qui s'étend à toute vitesse et fait l'actualité, monopolisant l'attention des médias et d'une large masse de personnes. Cela peut concerner des sujets importants, des événements marquants, ou bien certaines choses complètement secondaires (nouvelles du milieu du show-business, par exemple). Les deux points communs entre ces différents buzz, c'est la charge émotionnelle intense qui est provoquée, ainsi que la naissance d'une nécessité absolue de réaction. Face au buzz, l'instinct est de réagir, aussi vite que possible, pour ne pas perdre la vague, habitude propre à l'instantanéité qui nous obsède. Je pense qu'au final ce besoin est un dérivé du besoin d'appartenance, car on se sent membre d'un groupe social le temps d'un tweet, d'un message Facebook ou autre toot (pour les Mastodoniens qui lisent ;)). Bon nombre d'autres facteurs expliquent ce type de comportement, notamment le besoin de reconnaissance, l'instantanéité n'en est pas la seule cause.

Mais là où le bât blesse, c'est que dans notre allégresse, notre satisfaction d'avoir pu exprimer notre opinion sur le dernier scandale politique ou la dernière gaffe d'une célébrité quelconque, c'est que nous avons parfois affaire à l'autre camp, celui qui ne pense pas comme nous et le fait savoir. Il est temps de tirer son sabre, et d'affronter par claviers interposés cet inconnu qui vient gâcher notre plaisir, détruire notre participation. C'en est trop. Cette personne, qui attaque notre opinion, c'est le chauffard qui nous fait une queue de poisson. Et quoi de mieux, comme riposte, que de klaxonner rageusement en direction de l'importun ?

Ce qui se passe dans ce moment, c'est tout simplement que la culture de l'immédiat nous a poussé à émettre des jugements ou des opinions sans avoir eu le temps de prendre le moindre recul. Ces opinions peuvent donc être inexactes, manquer de fondement, mais se trouvent déjà sur la place publique. Les personnes qui y répondent peuvent être elles aussi sous le coup d'une émotion intense. Lors de drames marquants, l'empathie collective est immense, et le sentiment d'impuissance accroît notre malaise, qui suinte de nombreux mots chargés d'émotions très différentes. C'est ainsi que l'on se trouve plus facilement sujets à la colère, au ressentiment, à l'aigreur, vis-à-vis de réponses contredisant le message délivré.

C'est la fin de tout espoir de débat. Face à l'attaque subie, on s'attaque de plus en plus à la personne, et non aux arguments. Les explications font place aux déferlements d'insultes. En écrivant cela, me rappelant les nombreuses passes d'armes hargneuses que j'ai lu sur Twitter, je me demande également si le support ne s'y prête pas. Quand on subit une limite de quelques dizaines de caractères pour écrire, il est plus simple de traiter quelqu'un de con que tenter une approche plus pédagogique. A voir si le constat serait le même avec des outils tels que TwitLonger. Mais c'est aussi le fruit de l'individualisme exacerbé dans lequel nous vivons. A force de nous entourer d'une bulle, l'autre devient de plus en plus distant, de moins en moins de choses nous raccrochent à autrui, de moins en moins de liens rapprochent les gens d'une même société entre eux, dans une atmosphère plus bienveillante.

C'est un cercle vicieux. Plus il arrivera d'échanger noms d'oiseaux avec autrui, plus notre patience s'en trouvera diminuée à l'avenir. Il en résulte un repli sur soi, un renfermement qui s'étend à une part non-négligeable de la population. Une fracture se crée dès lors, et elle est tangible. Ce qui fait la solidité d'une société, c'est justement l'ensemble de liens qui sont noués entre les personnes qui y vivent. Couper ces liens les uns après les autres fragilise davantage cette société. Il ne s'agit pas d'émettre un constat alarmiste (d'ailleurs je n'aurais pas la prétention de dresser de constat, ce sont des opinions que je tente de développer et à propos desquelles j'aurais plaisir à discuter avec vous !), mais simplement de tenter d'apporter une explication à une des brèches dont notre société est victime.

Si nous avions la culture du débat, que lors d'accrochages nous attachions de l'importance à rester bienveillant avec qui ne pense pas comme nous, en tentant sainement d'exposer, de convaincre, en acceptant la possibilité que notre interlocuteur puisse intelligemment conserver son avis opposé sans pour autant le considérer comme la lie de l'Humanité, alors je pense que nous aborderions la vie en société d'un œil nouveau, avec moins de méfiance, moins d'à-priori. Prendre le temps de réfléchir lors d'une opposition avec les idées d'autrui est une marque d'ouverture importante que nous nous devons, qu'il serait grave de refuser. Le contact avec autrui est enrichissant, cohabiter avec des idées contraires permet souvent de cultiver ses propres idées, les confronter à d'autres, et ainsi les développer sereinement.

Aller à contre-courant dans un monde qui nous enjoint de nous dépêcher n'est pas tâche aisée. Mais prendre le temps de la réflexion, du discernement, de l'information et de la discussion est capital, je dirais même bon pour la santé, car c'est une bouffée d'air pour l'esprit dans une vie asphyxiée par les tracas du quotidien, Savourer le plaisir d'une conversation apaisée et intelligente est bien plus agréable que la satisfaction d'avoir porté l'étendard de nos opinions contre vents et marées.

lundi 2 janvier 2017

Epanouissement de l'esprit

L'esprit. La réflexion. La pensée. C'est ce en quoi la Grandeur de l'Homme à mon sens réside. C'est ce qui nous permet de créer, d'échanger, mais aussi et surtout d'évoluer. Ce dernier point va nous intéresser dans cet article. Comment réussir à évoluer, progresser dans les voies que nous empruntons au quotidien tout comme à l'échelle d'une vie ?

C'est par l'esprit que nous avançons. La volonté et la détermination découlent de la force de notre esprit, qui nous pousse continuellement à évoluer. L'esprit travaille sans relâche, provoque en nous remises en question, prises de conscience, idées nouvelles. La réflexion nous aide à résoudre de nombreux problèmes, et les solutions ainsi découvertes contribuent à cette progression.

Ce qui est intéressant c'est de noter que l'esprit lui-aussi a besoin de s'exercer. Atteindre un niveau de conscience différent nécessite d'habituer son esprit à chercher plus loin dans ses méditations. Toutefois, cela demande parfois de la méthode. Dans mon cas, c'est cette rigueur de la pensée qui manque, une façon d'organiser les différentes pistes entre elles, de considérer les différents éléments.

J'utilise soudainement le "je", car de mon ressenti et de mon intuition je tente d'établir des postulats qui, je l'espère, peuvent être réappropriés, ressentis, partagés, par ceux qui lisent ces idées. La question que je me pose donc est : comment réussir à organiser ses pensées, mettre en relief ses réflexions, dans le but de gagner en clairvoyance, de pouvoir approfondir sensiblement des sujets sur lesquels notre esprit se concentre ?

L'intérêt de cette question est qu'elle constitue selon moi un pilier essentiel de l'épanouissement personnel. L'exhortation vers cet épanouissement est pour moi un objectif important. C'est pour cela qu'aujourd'hui je veux partager cette question, et tenter d'y répondre en engageant un échange, un débat, avec vous qui lisez ces lignes.

La piste recherchée à priori est donc l'établissement d'une méthode de réflexion, d'une façon d'agencer ses pensées afin de former un tout cohérent, qui permet de prendre du recul sur un ensemble d'informations composant une sorte de schéma. De ce schéma peut naître, dans l'hypothèse que je formule, une compréhension nouvelle d'éléments connus depuis longtemps sur lesquels nous pouvions manquer de recul. La compréhension nouvelle qui en résulte est susceptible d'apporter un équilibre à une vision des choses parfois instable, de laquelle il était difficile de tirer des conclusions cohérentes.

Plancher sur ce schéma peut aussi mettre en évidence des liaisons que nous n'avions pas considéré lors de nos réflexions. Connecter entre eux des éléments de notre environnement peut leur apporter du sens et en renforcer notre compréhension. A chacun ses méthodes, avec une réflexion renforcée par la visualisation du schéma ou bien par la méditation, on est également capable, je pense, de découvrir des éléments d'abord écartés par notre esprit, qui ajoutent de la cohérence. Nous avons donc ici une piste possible de réponse : l'établissement d'une sorte de "carte de l'esprit", où nous pourrions organiser différents types d'éléments : pensées, problèmes, questionnements, environnement...

Ces éléments, il conviendrait ensuite de leur attribuer un poids, d'être capable d'estimer leur place dans nos préoccupations, le temps qu'on accorde à y réfléchir ou l'importance qu'ils revêtent pour nous. Notre carte prend forme petit à petit, nous avons donc différents éléments centraux de taille différente. On peut facilement dresser cette partie de la carte en faisant un brainstorming rapide.

Par la suite, on peut se pencher sur chaque élément un par un, et tâcher d'affiner un peu en découvrant ce qui l'entoure. Quelles sont les causes d'un problème ? Quelles sont ses conséquences, son impact ? Quelles sont les pistes de réponse à une question ? Quelle est l'origine de la question, la raison qui nous pousse à y chercher une réponse ? Que l'esprit cherche donc en prenant le temps de travailler une pensée précise ? Autant de micro-éléments qui gravitent autour de nos questions, nos problèmes et nos réflexions que nous pouvons apposer sur notre schéma. Ces micro-éléments peuvent eux-aussi, et devraient même, être pesés, pour être capable de mettre en relief le schéma, ce qui là encore peut faire ressortir des informations que l'on aurait pas dénichées autrement.

Le simple fait d'avoir ces éléments les uns à côté des autres avec cette rigueur dans l'estimation de leur importance permet d'y voir plus clair et de relativiser. Je pense donc qu'il serait tout à fait souhaitable de souvent refaçonner cette carte, en modifiant le poids donné aux choses au fur et à mesure qu'on les relativise. Ce simple travail peut permettre de clarifier certains points et former un tableau gagnant en cohérence.

A partir de ce tableau il devient sûrement possible de découvrir des connexions nouvelles entre les éléments, grâce à la compréhension que l'on acquiert. Je me dis que la simple compréhension profonde d'un problème peut suffire dans certains cas à mettre en évidence les pistes permettant d'arriver à la solution. Ce serait donc l'idée de cette méthode, de simplement pousser ce schéma jusqu'à y donner le maximum d'informations et réussir ensuite à les analyser.

Jusqu'ici il s'agit d'une ébauche. Mon idée serait de créer un outil permettant de modéliser cette carte, de la faire sortir de nos esprits pour la mettre à plat sur un support qui nous permettra de la visualiser de manière nette. Écrire cet article est aussi un moyen personnel pour approfondir l'idée, soulever certains points manquant de réflexion, souligner des axes d'amélioration tant dans l'idée que dans sa présentation. Et c'est aussi un moyen d'en appeler à vos ressentis, à vos avis, à savoir si effectivement cette ébauche de méthode pourrait permettre de répondre plus facilement aux questions que l'on se pose, aux problèmes auxquels nous faisons face. Est-ce que tout cela est vraiment utile ? Est-ce que cela fait réellement partie du développement personnel et permet de s'épanouir ? Ce ne sont que des hypothèses, mais nous tâcherons de les étudier comme il se doit !

samedi 12 novembre 2016

Présentation

Bonjour à tous !

C'est aujourd'hui notre premier article sur Pilule Rouge. Tradition oblige, il nous faut donc expliquer ici quel sera l'objet de ce blog !

Pilule Rouge est né d'une volonté d'exprimer et partager des réflexions personnelles. Il peut aussi bien s'agir de développement personnel, de concepts spirituels ou de pensées vis-à-vis de sujets de société. Nous ne nous limitons point dans la portée de ces réflexions, par conséquent les articles pourront traiter de sujets totalement déconnectés les uns des autres, sans fil conducteur particulier.

Notre but n'est pas de diffuser notre vision ou de l'affirmer en l'exposant de manière publique. C'est plutôt un exercice, une pratique de la pensée à laquelle nous nous livrons et qui nous permet à la fois de structurer nos idées mais aussi de les confronter aux avis, aux échanges, au débat.

Mais ce nous, qui est-ce ? Deux auteurs, Illya et moi-même, qui se partagent ce blog comme terrain d'écriture. C'est avec plaisir que nous userons de nos plumes sur Pilule Rouge, et que nous échangerons avec vous !